L'envers du décor

Comment est venue l’idée de fabriquer de telles machines ?


Il y a 20 ans déjà, je rêvais de construire une sphère capable de remonter une pente. J’ai fait alors de nombreux essais, des prototypes – mais les problèmes de constructions étaient trop ardus. J’ai alors abandonné cette idée, qui a dormi longtemps dans mes tiroirs.

Et puis, voici quelques années, sont arrivées les imprimantes 3D, permettant de créer des structures d’une incroyable complexité – me permettant ainsi de réaliser mon vieux rêve.

 Comment se présentent les pièces faites par ces imprimantes 3D ?


Voici par exemple une partie des pièces qui se cachent à l’intérieur des sphères.

Comment fonctionne une imprimante 3D ?

Cette imprimante est en train de fabriquer certains composants qui se nichent à l'intérieur des sphères.

 Elle dépose de fines couche de matière, et peu à peu apparaît ainsi la forme voulue.

 La matière provient de la fusion d’un fil de matière plastique qui est pressé au travers d’une buse très fine.

Comment donner à cette imprimante les informations nécessaires ?

D’abord, il faut imaginer la pièce, essayer de se représenter dans l’espace comment cette pièce va s’imbriquer avec le reste.
Ensuite, il faut construire cette pièce à l’écran, avec ce que l’on appelle un logiciel de construction assistée par ordinateur. Ce logiciel permet de construire une pièce, et de la visualiser.

Les informations fournies par ce logiciel décrivent les volumes. Ces informations sont transférées à un autre logiciel qui calcule les trajectoires de la tête de l’imprimante 3D. Ces trajectoires seront finalement transmises à l’imprimante 3D sur une clef USB.

Mais qu’y a-t-il à l’intérieur de ces sphères blanches ?


Sous cette apparence simple se cache une grande complexité : chaque sphère comprends 142 pièces différentes. 

 Les parties principales sont fabriquées avec des imprimantes 3D, auxquelles s’ajoutent des parties mécaniques, électriques, électroniques.

Electronique  omniprésente

 
L’électronique est composée de peu d’éléments : un microprocesseur, ainsi que des circuits intégrés dédiés à la commande de moteurs.

Ces éléments sont disposés sur une plaque que l’on appelle circuit imprimé. Il a bien entendu fallu concevoir ce circuit imprimé. 

 Ensuite, ces dessins sont envoyés par mail à une entreprise située en Pologne, qui fabrique les circuits, et me les renvoie au bout de 2-3 jours. C’est devenu si simple !

Et le microprocesseur, quel est son rôle dans ce jeu complexe ?


Le microprocesseur pilote les trajectoires des objets. Il doit détecter quand un objet arrive en fin de course, lui faire faire demi-tour.

C’est lui aussi le génie des mouvements aléatoires, qui fait ralentir les objets, ou s’arrêter, faire une pause, puis continuer, parfois en opérant un demi-tour. 

Programmer ce micro-ordinateur n’est pas une tâche bien complexe, les programmes font au plus un millier de lignes de code.

Pourquoi avoir pris la décision de cacher tous les mécanismes aux yeux des spectateurs ?


Bonne question ! L’art cinétique est né avec les automates de Jaquet-Droz, à la fin du 18e siècle. C’étaient des constructions admirables de poupées animées : un écrivain, une musicienne. Tous les mécanismes, les innombrables cames et rouages étaient dissimulés sous les habits des personnages - comme on peut le voir dans l'image ci-contre.

Ensuite sont venus des artistes qui voulaient au contraire partager avec le spectateur les mystères du mouvement. Jean Tinguely excellait dans l’art de construire des mécanismes que tout un chacun pouvait comprendre.

De mon côté, j’ai préféré une esthétique plus formelle, des géométries simples – et j’ai donc décidé de revenir aux sources de l’art cinétique et de cacher toutes les entrailles des machines. Cela créé chez le spectateur une curiosité, une incompréhension qui ajoute une touche de magie.

Et où donc sont fabriquées ces machines ?

 
Tout est fabriqué dans mon atelier, à l’exception de quelques pièces.

Les socles de bois, par exemple, sont réalisés avec un grand soin par un tourneur sur bois.
Recherche